mercoledì 10 maggio 2023

5e étage, tango furioso

5e étage, Porte de la Chapelle, j’écoute du tango “furioso”, apparemment c’est le rythme de la musique. Je n'y connais rien, mais plus je l’écoute, plus je la regarde, plus je la trouve jolie et plus je me sens bien. On est dans un couloir, 5 étages, à 45 minutes de route en scooter de chez moi. Il est 23h13, elle étudie pour ses examens, la musique en effet a un rythme qu’on pourrait dire furieux, ça rentre direct dans la chair, j’adore.

Entre temps j’écris, c’est inspirant, son pied bat le temps, dans ses chaussures qui sont simple à mettre, qu’elle a depuis le collège, et son pull pour quand elle ne se trouve pas belle ou confortable. Mais qu’au moins est chaud.

Je suis captivé par la musique, même si elle s’entraîne c’est très agréable à écouter, je n’ai presque plus envie d’écrire, de temps en temps je ferme les yeux et j’écris sans regarder le clavier. Je regarde ses mains, à certains moments elle prononce des mots, elle vient de me regarder, et je souris.

Je pense beaucoup à ce qu’elle peut avoir en tête, la bouche semi ouverte, elle regarde la succession des notes sur sa partition, le regard concentré. J’aime énormément les cheveux qui lui tombent sur son front, en lui caressant les joues et le nez. C’est une des choses que je préfère.

5 étage, dans un couloir d’un immeuble à Porte de la Chapelle, j’écoute une jeune jouer du tango, et je pense que je suis un peu amoureux d’elle.

Je cherche à comprendre, comme il y a une semaine, je ne sais pas ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent, elle ne me parle pas de ses émotions, sauf à certains moments. Hermétique, je cherche à déceler les symboles, les non dits, des petits gestes, des regards. C’est peut être ça qui m’intrigue, le fait de ne pas savoir.

5 étages, le couloir est surtout rouge. Elle a les mêmes boucles d’oreilles que dans une photo qu’elle m’a envoyée il y a un petit moment.

C’est dur de traduire la musique en mots, ce sont surtout des sons aiguës, qui entrent dans la poitrine comme des couteaux chauds. Ce n'était pas le terme que j’aurais vraiment voulu utiliser, mais c’est très dur de trouver une similitude concrète à la sensation que cela me fait éprouver.

Ce sont des sons aiguës, une partie de lumière dans le couloir s’est éteinte, on reste comme dans un concert, illuminés dans une petite partie de l’espace. Je me demande si les voisins des autres étages entendent quelque chose. Apparemment elle étudie ici depuis un an, donc j’imagine que tout se passe bien.

Je me demande aussi si je ne suis pas en train de projeter mes envies sur elle, le fait d’être avec quelqu’un à qui je plais, dans ma tête ça veut forcément dire qu’on est amoureux. Alors qu’on peut avoir un rapport hybride, entre une amitié et une relation amoureuse. Je me pose la question, la limite est tellement floue. Là c’est juste que je ne vois pas de sa part des rapprochements, sauf des petits gestes qu’elle peut avoir, comme le fait de me caresser les hanches quelques secondes après que j’ai franchi la porte de son appart.

Je recherche des petites choses comme ça, des petites attentions qui pourraient révéler des sentiments. J’observe, qu’est-ce qu’elle cherche ? Qu’est-ce qu’elle veut de moi ?

Je suis fasciné par cette personne, qui joue de la musique pratiquement tous les jours de sa vie.

Même si je me demande ce qu’elle cherche, je reste en observation, à l’écoute, littéralement. Il est 23h38, elle s’entraîne et je suis fasciné par sa discipline. La musique continue, j’écoute un peu moins pour me concentrer sur mes sensations, mes émotions, mon ressenti. Ai-je vraiment envie d’être avec quelqu’un qui ne me communique pas ce qu’elle ressent ? Laura me revient à l’esprit, elle aussi était au conservatoire, pour de la guitare pour le coup, elle n’allait pas bien du tout, surtout dans la période où on s’était connus. Notre histoire ne s’était pas bien passée, on s’était fait du mal, surtout moi. Je m’étais fait beaucoup de mal. Donc là je me pose la question, il y aura un moment où on sera tous les deux pour parler de ce qu’on a à l’intérieur ? Pour extérioriser nos sensations et sentiments ? Je me demande si j’ai envie d’être avec quelqu’un juste pour coucher avec, pour passer des moments de câlins. Je disais il y a un mois que si cela n'avait pas changé je me serais saoulé, je sens que ça se rapproche, je ne sais pas trop comment me rapporter avec les gens avec qui je ne sais pas ce qu’ils pensent. Surtout s’il y a des situations potentiellement amoureuses en jeu. Je commence à être gauche, maladroit, à ne pas savoir quoi faire, et je reste sans rien faire, rien dire. Paradoxalement je suis plus à l’aise quand il y a d’autres personnes autour, et qu’on n’est pas tous les deux. Je suis curieux de voir comment on va avancer, elle me dira ce qu’elle pense, un jour ?

Je me demande surtout ce qu’elle trouve en moi, juste une personne jolie avec qui faire l’amour ? Quelqu’un d’intéressant aussi ? Je n’en sais rien.

Je ne sais pas si ce soir lui dire que je suis un peu amoureux d’elle ou pas, en même temps je ne veux pas non plus perdre ce qu’on a en ce moment, ça fait qu’un mois qu’on relationne ensemble, c’est pas énorme. Elle me disait que ça lui avait pris 5 mois environ pour que sa relation principale commence à lui plaire. Mais dans quel sens ? Physique ? Romantique ? J’ignore cela aussi.

5 étage, couloir rouge, 23h49, une jeune femme qui joue de l’accordéon, moi assis par terre, dos contre le mur, qui tape des mots dans un ordinateur.

Une jeune femme avec des cheveux superbes, silencieuse, timide, qui joue avec de la passion dans ses mains et dans ses yeux. Qui se cache derrière des rigolades, des blagues douteuses.

Je regarde ses mains jouer avec aisance, elle me dit que pour bien étudier elle devrait faire au moins 1h par morceau, que normalement elle se chronomètre, que c’est incroyable, je lui dis que ce qui est incroyable c’est qu’elle ne se lasse pas. Mais en même temps ça me fait penser aux arts martiaux, à tous les détails à voir dans chaque technique et surtout dans chaque forme, le travail ne se termine jamais. Je prends du recul, je me remets dans mes bottes, je suis bien, peu importe ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent. Enfin, si, c’est important, mais cela ne fait pas mon bonheur. Je lui demanderai comment elle se sent par rapport à nous deux, juste pour faire un point d’avancement. Et je m’adapterai en conséquence. En adaptant aussi mes comportements, et si vraiment je sens qu’il y a des trucs qui ne vont pas il y a toujours le temps de prendre encore plus de recul et faire des pas en arrière, ce ne serait pas la première fois.

5 étages, de la musique du 17e siècle qui sort de ses mains, ses mains agiles qui domptent 15kg d’accordéon. Qui lui font faire ce qu’elle veut (ou presque).

Je sais que je fonctionne par petites attentions, des regards, du temps passé ensemble, des chocolats (quand on peut), des cookies (vegans dans ce cas), du produit anti-cafards. Vu que je ne sais pas si je peux toucher le corps des autres, je préfère créer des connexions différentes, même si j’adore le toucher, j’adore quand les gens (que j’aime bien) me touchent. Ça me fait chaud au corps et au cœur.

Pendant que je l’écoute s’entraîner, j’écris et ça me fait du bien. Je me rends compte que j’ai un petit syndrome du super héros, je ne suis pas fatigué, je peux tout faire, si c’est pour quelqu’un d’autre, surtout quelqu’un que j’aime bien. Surtout quelqu’un que j’ai envie de séduire. Je viens d’écrire un truc, mais j’ai effacé, parce que ce n’était pas vrai. Je n’aide pas les gens car comme ça je pense qu’elles m’aimeront en retour. Mais plutôt pour le bonheur d’aider, l’acte en lui-même me fait du bien. Le fait de pouvoir extérioriser l’amour que j’ai dans tout mon être, me fait du bien.

Même si ça veut dire être au 5e étage d’un immeuble à Porte de la Chapelle, à 45 minutes de scooter de chez moi, à 00h08, assis par terre, juste pour passer du temps avec quelqu’un qui étudie de la musique.

Et j’attends, comme avec un petit chat errant.

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